Et si le Tarot de Marseille n’était pas un jeu, mais ta boussole intérieure ?

Il y a quelque temps, en fouillant dans un tiroir, je suis retombé sur mon vieux jeu de tarot. Tu sais, celui qu’on sort parfois lors d’une soirée entre amis, pour rire ou rêver un peu. Les cartes étaient un peu abîmées, comme un blog Myspace oublié depuis le milieu des années 2000. J’en ai tiré une, sans trop y penser. Et je me suis surpris à rester là, quelques minutes, juste à la regarder.

Et si ce n’était pas un simple jeu ?
Et si ces cartes qu’on croit connaître — avec leurs noms étranges, leurs figures un peu théâtrales — avaient été conçues, à l’origine, pour te parler de toi, pas de demain ?
Non pas pour prédire l’avenir, mais pour t’aider à voir clair. Dedans.

Cette idée m’a poursuivi. Alors j’ai creusé. Et ce que j’ai découvert m’a profondément retourné. Parce que derrière les figures du Tarot de Marseille, il y a peut-être un langage symbolique oublié, pensé comme un chemin initiatique. Une carte intérieure, dessinée pour t’aider à avancer quand tu ne sais plus très bien par où aller.

Derrière le jeu : un outil pour l’âme ?

Quand on parle de “Tarot de Marseille”, on pense souvent à la Provence, aux cartes tirées sur un coin de table, aux prédictions floues. Mais ce qu’on ignore souvent, c’est que ce tarot n’est pas né à Marseille. Il remonte bien plus loin, quelque part dans l’Italie du XVe siècle, à Florence. Une époque où l’on peignait des anges, traduisait Platon et rêvait tout haut de beauté, d’harmonie, d’âme.

C’est là qu’un philosophe nommé Marsile Ficin s’est mis en tête de réunir l’art et la sagesse dans un même geste. Pour lui, les images pouvaient enseigner sans discours. Il croyait à une pédagogie douce, symbolique, presque ludique. Et si c’était dans cet esprit qu’étaient nées les cartes du tarot ? Non comme un jeu au sens trivial, mais comme un parcours d’initiation silencieux, où chaque carte serait une étape du voyage intérieur.

Depuis ce jour, je ne regarde plus les arcanes comme avant. Je les vois comme des miroirs, des seuils. Et je voudrais t’en partager trois — trois cartes qui, chacune à leur manière, racontent quelque chose de précieux sur ce qu’on traverse quand on cherche à se retrouver.

Le Chariot : avancer malgré les tiraillements

Tarot de Marseille : carte du Chariot

Tu l’as peut-être déjà tirée, cette carte au nom prometteur : Le Chariot. Un personnage debout dans un char tiré par deux chevaux. Il a l’air sûr de lui, presque triomphant. Et pourtant, si tu regardes bien… un détail cloche. Les chevaux n’avancent pas dans la même direction. Ils sont comme figés dans une hésitation silencieuse.

Et là, tu comprends : ce n’est pas un héros, c’est toi quand tu veux avancer, mais que quelque chose en toi freine des deux pieds.

Cette carte, c’est le symbole parfait des moments où tu as une idée claire, un élan, une envie forte… mais que ça coince. Tu tires à droite, une partie de toi résiste à gauche. Tu dis oui, ton ventre dit non. Bienvenue dans le grand écart intérieur.

Marsile Ficin, le philosophe dont je te parlais, voyait dans cette image le “char de l’âme” de Platon : un attelage tiré par deux forces opposées, que la raison doit apprendre à guider. Pas à dominer. À écouter, équilibrer, canaliser. Et cette tension-là, tu la connais. Elle fait partie du chemin.

Alors si tu tombes sur Le Chariot, pose-toi cette question simple :

Quelles sont les deux forces qui me tirent aujourd’hui ? Et qui tient vraiment les rênes ?

La Tempérance : retrouver ton propre rythme

Tarot de Marseille : carte de la Tempérance

À première vue, La Tempérance est une carte paisible. Une femme ailée, deux vases, un geste calme : elle transvase un liquide d’un récipient à l’autre. Rien d’explosif. On pourrait presque passer à côté.

Et pourtant, cette carte a un pouvoir étonnant. Elle arrive souvent quand tout s’emballe, à l’extérieur comme à l’intérieur. Quand tu veux tout faire, tout comprendre, tout régler d’un coup. Et que tu t’épuises à courir sans vraiment avancer.

La Tempérance, c’est l’art de doser. Non pas de ralentir pour ralentir, mais de remettre du lien entre les morceaux épars. Entre ce que tu veux et ce que tu ressens. Entre ta parole et ton silence. Elle t’invite à retrouver ton propre tempo, pas celui qu’on attend de toi.

Un jour, je l’ai tirée après avoir enchaîné trois semaines à dire oui à tout. Résultat : vide intérieur, sommeil haché, cœur en sourdine. La Tempérance m’a soufflé doucement : “Tu veux faire passer quelque chose… mais dans quel état es-tu vraiment pour le faire ?”

C’est une carte qui ne juge pas. Elle propose. Elle ajuste. Et elle te rappelle que l’équilibre ne se trouve pas, il se cultive.

Si tu la rencontres, pose-toi cette question simple :

Où est-ce que je peux remettre de la fluidité aujourd’hui ?

Le Diable : affronter ses chaînes (et parfois les aimer un peu trop)

Tarot de Marseille : carte du Diable

Ah, Le Diable. Rien que le nom donne envie de reposer le paquet.
Et son image n’aide pas : un démon étrange, des personnages nus enchaînés, des regards fixes, un décor presque oppressant. On l’associe souvent au danger, à l’échec, à ce qui menace.

Mais en vrai ? Cette carte ne parle pas tant du “mal” que de ce qui te retient sans que tu t’en rendes compte. Tes habitudes. Tes excuses. Ton attachement à des schémas qui te rassurent… même s’ils t’empêchent d’évoluer.

Quand je l’ai tirée après une rupture, j’ai compris qu’elle ne pointait pas l’autre. Elle parlait de ce que je nourrissais encore moi-même : la peur d’être seul, le besoin de contrôle, les petits pactes invisibles que je signais avec mes propres limites.

Le Diable, c’est le miroir de tes chaînes intérieures. Et souvent, ce qui fait le plus peur, c’est de voir qu’on les tient soi-même. Mais c’est aussi une chance. Parce que ce que tu as fabriqué, tu peux le défaire. Doucement. Consciencieusement.

Alors si tu croises Le Diable, essaye de ne pas le fuir. Demande-lui plutôt :

Qu’est-ce que je continue d’alimenter, alors que ça ne me nourrit plus ?

Et si tu tirais une carte, maintenant ?

Tu vois, ces cartes ne sont pas là pour te dire ce qui va t’arriver.
Elles ne savent pas si tu vas signer ce contrat, recroiser ton ex ou partir vivre à Lisbonne. Ce qu’elles savent en revanche, c’est où tu en es, ce qui bouge en toi, ce que tu refuses encore d’entendre.

Le tarot n’a pas besoin d’être “magique” pour toucher juste. Il te parle en images, en symboles, en échos. Il vient réveiller ce que tu sais déjà, mais que tu avais peut-être mis en sourdine.

Alors si tu veux essayer, tire une carte. Juste une. Sans poser de question. Regarde-la. Laisse-toi regarder aussi.

Et demande-toi, simplement :

Qu’est-ce que cette image me raconte de moi, aujourd’hui ?

Tu n’auras peut-être pas une réponse immédiate. Mais tu auras ouvert un espace.
Et dans ce monde qui court partout, prendre le temps d’écouter ce qui se joue à l’intérieur, c’est déjà un acte de clarté.

Le tarot, c’est peut-être juste ça : une conversation avec ton âme, en silence.

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